Depuis quelques dizaines d’années, un nombre croissant d’occidentaux se passionne pour les traditions spirituelles orientales, dont l’une des plus connues est l’Advaïta Vedanta, ou la Voie de la Non-dualité.
Cette doctrine hindoue attire les Êtres qui se rendent compte que les valeurs de la société de consommation, qui s’est enfoncée dans le matérialiste et la superficialité les plus grossiers, ne leur offre pas le bonheur et la réalisation auxquels aspire leur âme. Ils se tournent alors vers des voies de Réalisation spirituelle dans le but de percer les mystères de la vie et de donner du sens à leur existence. Cependant, aussi noble que soit cette quête de vérité et de profondeur chez les Êtres qui souhaitent se reconnecter à leur essence, ces voies ne sont pas sans danger.
En y investissant leur temps et leurs ressources, beaucoup de personnes insuffisamment informées vont perdre leurs repères et se « déconnecter » du monde réel, de leur famille, de leur travail, se laissant progressivement déporter dans une impasse existentielle dans laquelle elles perdront le sens des réalités. Au nom d’un idéal de transcendance, elles n’auront réussi qu’à détruire un peu plus leur identité, approfondissant, la dualité et par là même, la souffrance de laquelle elles cherchaient pourtant à se libérer, désespérément. C’est ainsi qu’en se tournant vers la spiritualité en quête de libération, beaucoup s’emprisonnent davantage.
La grande mode du néo-spiritualisme et ses dérives
Cet article a pour but de mettre en garde contre les risques d’égarement spirituel qui attendent inévitablement les Êtres insuffisamment informés et vigilants sur le chemin du retour à soi. La voie spirituelle n’est pas un chemin balisé, tranquille, et sans danger. L’Âge noir de l’obscurantisme (Kali Yuga) étant arrivé à son apogée ces dernières années, la perversion propre à ce temps cosmique s’est infiltrée dans tous les domaines, y compris celui de la religion et de la spiritualité, où les illusions se sont propagées comme des métastases dans un corps rongé par le cancer. Les propos qui y sont développés sont volontairement très critiques à l’égard du néo-spiritualisme, plus connu sous le nom de new age, qui véhicule bon nombre de ces illusions, contribuant à désorienter les Êtres sincères qui sentent en eux l’élan naturel du retour au sacré en ces heures sombres. En empruntant des éléments de doctrine aux différentes traditions spirituelles authentiques (dont fait partie l’Advaïta Vedanta), pour en faire une sorte de syncrétisme grossier, le new age déforme et perverti.
Pour mieux séduire et détourner l’aspiration naturelle des individus en recherche, il offre une vision auréolée de la spiritualité dépourvue des avertissements au sujet des difficultés qu’il est possible d’y rencontrer, donnant ainsi une fausse image de la voie spirituelle et de ses pièges.
La Voie de la Non-dualité aujourd’hui
La doctrine de la Non-dualité est une Voie de Réalisation spirituelle fondée sur la Connaissance de la Réalité suprême, que les hindous appellent Âtma (ou Brâhma), et que nous pouvons traduire par le « Soi ». Il s’agit du Principe divin, absolu et infini, qui porte en lui tout ce qui est.
L’Être qui veut atteindre cette Connaissance du Soi doit nécessairement transcender son individualité et l’impression de séparation qui lui est indissociablement liée, impression inhérente au principe même de la dualité que sont des impulsions magnétiques d’attraction et de répulsion, que nous appelons l’ego. Les sages hindous Nisargadatta Maharaj et Ramana Maharshi ont largement contribué à « faire connaître » cette doctrine sacrée en Occident.
Le « succès » de l’enseignement non-duel n’est toutefois pas le fruit de leur volonté personnelle, il est dû à sa beauté, qui a conquis un large public au-delà des frontières de leur Inde natale. Des auteurs occidentaux en ont parlé également, comme Jean Klein ou Arnaud Desjardins, pour ne citer que les plus connus. Aujourd’hui, les rayons des librairies offrent un large choix de livres traitant de ce sujet. Toutefois, beaucoup de ceux qui en parlent n’ont pas atteint eux-mêmes cette Connaissance de la Non-dualité, ce qui n’est pas sans conséquence comme nous le verrons plus loin. L’attrait grandissant pour la spiritualité orientale motive certains à faire le commerce d’un Savoir qu’ils ne maîtrisent pas et qui, de ce fait, vont davantage égarer que libérer les âmes qui leur accordent de l’intérêt. De même, beaucoup de pseudos-éveillés parlent de la Non-dualité comme s’ils la vivaient, alors qu’ils n’ont aucune légitimité pour en parler puisqu’ils se sont embourbés dans l’illusion que nous nous évertuerons à dénoncer dans cet article. Leur ego en quête de valorisation n’est pas le seul responsable… ils ne font que de répondre à un besoin de spiritualité « fast food », qui n’est en somme qu’une tendance parmi tant d’autres qui attire un nombre sans cesse croissant de personnes qui cherchent à échapper au vide existentiel qui hurle dans les tréfonds de leur âme en souffrance, broyée par un système qui étouffe le sacré, le vivant.
La Voie de la Non-dualité n’est pas en cause pour autant. Cette doctrine sacrée de l’hindouisme est un joyau de pureté qui a traversé les Âges pour offrir à l’être humain un chemin pour réintégrer son essence primordiale. La question n’est pas de savoir si cet enseignement est valable ou non, car de toute évidence il l’est, mais c’est de savoir si il est accessible à celui qui s’y intéresse. La plupart de ceux qui vont s’y intéresser et tenter de vivre cet enseignement n’ont pas le discernement nécessaire pour savoir s’ils en ont les capacités et si c’est ce qui est juste et bon pour eux. Ils n’ont en général pas même fait l’examen de conscience pour savoir ce qui les motive réellement à s’engager sur cette voie-là. Est-ce une aspiration profonde et juste qui émane de leur âme, où simplement un désir d’échapper à la souffrance provenant de leur ego ? Savent-ils d’ailleurs vraiment ce qu’ils veulent, ou se laissent-ils influencer par les tendances new age à la mode, auxquelles ils transmettent le pouvoir de choisir pour eux ?
Ce n’est pas en lisant des livres, en écoutant quelques conférences ou en visionnant des vidéos sur youtube que le chercheur trouvera réponse à cette question, d’autant plus que les Maîtres authentiques qui pourraient l’aiguiller de façon sûre dans sa recherche se font rares en Occident, tout comme en Orient d’ailleurs. En effet, à l’est également, la contamination du consumérisme outrancier a tendance à pervertir le Sacré, où de plus en plus de dérives sont observées également. Comme en Occident, de plus en plus de « faux gurus vendeurs de rêve » y abusent de la vulnérabilité et de la crédulité des chercheurs sincères, les induisant gravement en erreur sur le chemin à suivre. Noyés dans la masse, les gurus authentiques passent inaperçus aux yeux des profanes fascinés par ce grand cirque du spirituel où la forme prime sur le fond.
La perversion du spirituel a été annoncée par les textes sacrés
Il semblerait que cette perversion du sacré, source d’égarement pour les âmes, soit un signe des temps en cette période de transition vers un Âge d’Or annoncé par les textes prophétiques de toutes les grandes traditions. Jésus-Christ a mis en garde contre les usurpateurs de l’identité de Maître et de Prophète. Il nous a convié au discernement et à la prudence[1], et a déclaré que la qualité de l’arbre se reconnaît à ses fruits[2]. De même, les Purânä, ces textes sacrés hindous annonciateurs de la période d’obscurantisme que nous traversons, sont éloquents à ce sujet :
Les hommes choisissent de préférence les idées fausses. […] Des hommes vils qui auront acquis un certain savoir (sans avoir les vertus nécessaires à son usage) seront honorés comme des sages. […] Les livres sacrés seront vendus aux coins des rues. […] Des aventuriers prendront l’apparence de moines avec la tête rasée et des vêtements orangés, des chapelets autour du cou […]. On ne pourra se fier à personne. »
Lingâ-Purânä (chapitre 40).
Des gens non qualifiés passeront pour experts en matière de morale et de religion. […] Les hommes de peu d’intelligence, influencés par des théories aberrantes, vivront dans l’erreur. »
Vishnu-Purânä (livre 6, chapitre 1).
Au vu de ce que nous pouvons observer dans les milieux spiritualistes, il est évident que ce qui a été annoncés par les « clairvoyants » il y a de nombreux siècles déjà, est en train de se produire actuellement. C’est la raison pour laquelle nous devons nous montrer très prudents et ne pas nous jeter à corps perdu dans une pratique spirituelle, si attrayante soit-elle en apparence. Tout ce qui brille n’est pas or, et à plus forte raison encore en ce qui concerne la spiritualité moderne.
Si certains affirment donc que la Non-dualité est le but absolu à atteindre et que, de ce fait, tout le monde devrait chercher à la vivre pour que ce monde change, sans aucunement nuancer leurs propos, par ignorance ou par intention de séduire (consciente ou non), d’autres personnes tiennent un discours totalement opposé, en soutenant que la doctrine de la Non-dualité est carrément diabolique. Des propos aussi choquants ne sont pas rares chez certains « conspirationnistes » qui voient du complot partout, mais également chez certains « fanatiques religieux » qui pensent que tout ce qui est étranger[3] à leur religion est forcément l’œuvre du diable. Bien entendu, à en juger par l’égarement de certains individus qui se trompent de chemin en s’engageant directement dans la Voie de la Non-dualité, on pourrait donner raison aux critiques formulées à son encontre. Toutefois, ce serait-là valider le syllogisme grossier commis par ses adversaires. En effet, conclure que si certains adeptes s’égarent, c’est parce que la Voie de la Non-dualité est mauvaise, et qu’il s’agit par conséquent d’une doctrine maléfique, sataniste, ou luciférienne, pour reprendre leurs expressions, c’est commettre une grave erreur de jugement sur ce qu’elle est réellement, et confondre le but en soi et les moyens inappropriés pour l’atteindre. Toutefois, ne pas considérer ces critiques serait une erreur également, car elles expriment une certaine part de vérité néanmoins.
Renforcer la dualité en cherchant à s’en libérer
Que la doctrine de la Non-dualité soit sacrée ne signifie pas pour autant qu’elle soit accessible à tout le monde sans exception. Le cheminement spirituel comporte des étapes à respecter, et si l’une d’entre-elles est sautée pour passer directement à la suivante, l’égarement sera inévitablement au rendez-vous, avec en prime un approfondissement de la dualité (ce qui est un comble si l’on en juge le but de la démarche). Prenons l’exemple d’une personne qui s’ouvre à la spiritualité et qui se penche sur les préceptes de la Non-dualité. En principe, elle va chercher à atteindre la Non-dualité pour échapper à la souffrance, pour trouver un refuge, ou plus banalement pour se prouver quelque chose et améliorer son sentiment de soi. Sur la base de ses lectures, ou ce qu’elle aura entendu dire sur la Non-dualité, cette personne va s’en faire une représentation mentale ; dans son esprit, il y aura désormais la Non-dualité, synonyme de vacuité, de béatitude, de félicité, et son contraire, c’est-à-dire la dualité, les émotions, la colère, la déception, la culpabilité, en résumé tout ce qui relève de l’ego et de l’impression de séparation. Elle va dès lors faire une distinction entre la perfection inhérente à l’état de conscience non-duel, et l’imperfection de tout ce qui participe de la dualité. Elle va sans doute tomber sur des fragments d’enseignements sortis de leur contexte, qui affirment qu’il faut « dissoudre le sentiment de je », que « le mental et l’émotion, c’est le diable », qu’il faut « tuer le sentiment et tout désir de la vie », ou que, à l’inverse, « puisque tout est illusion, il n’y a rien besoin de faire, il ne faut rien, on ne doit rien… », tombant alors dans un « relativisme absolu » tout autant nuisible. Ainsi, pour atteindre la Non-dualité, la personne va chercher à se libérer de tout ce qui lui semble l’en éloigner, sans se rendre compte qu’elle agit à partir de son ego.
L’ego est le principe même de la dualité. Il fonctionne sur un mode « binaire » basé sur la comparaison des formes de natures différentes, qui sont catégorisées par lui : bien ou mal, agréable ou désagréable, juste ou faux, parfait ou imparfait. Cette distinction entre les choses permet à l’ego de se positionner en faveur de ce qu’il veut ou ne veut pas, aime ou n’aime pas, attire ou repousse. Un Yogi ayant réintégré le Soi (Âtma) s’est totalement libéré de l’ego, et voit Dieu partout. Son esprit ne distingue plus le bien du mal, car toute forme de dualité est transcendée, ou plus justement dit, les opposés sont réunis dans la Non-dualité. Le Yogi n’a plus d’individualité en tant que telle, bien que sur le plan des apparences, il semble qu’il en soit encore pourvu, ne serait-ce que parce qu’il y a encore un corps et une vie qui l’anime. Mais le sentiment de « je » associé à ce corps et aux énergies qui le traversent n’existe plus. Chez ce « libéré vivant », il n’y a effectivement plus de désir, plus d’illusion de séparation, plus de blessures émotionnelles, plus de pensées impures, etc. Mais si le profane considère qu’il doit être semblable à cet Être pour vivre la Non-dualité, il risque de réprimer et refouler tout ce qu’il jugera comme étant différent de cet état de libération. C’est ainsi que, sans s’en rendre compte, il va renforcer l’emprise de l’ego sur sa personnalité, le rendant encore plus instable qu’il ne l’est déjà.
Dès lors, dans son esprit, tout ce qui en lui sera identifié comme relevant d’un sentiment de « je », d’une pulsion, d’une culpabilité, d’une colère, d’une jalousie, etc, ne devrait exister, puisque cela est « duel ». Le simple fait de reconnaître que ce genre d’états d’âmes est « imparfait » devrait rendre compte de l’emprise de l’ego, mais dans son illusion, l’individu va véritablement croire qu’il est dans le « juste » en souhaitant se débarrasser de tout cela. Arrivé à un certain stade de répression et de refoulement, il parviendra sans aucun doute à s’établir dans une sorte de paix artificielle provenant du fait qu’il aura réussi à ignorer toutes formes de pensées et sentiments impurs, mais cela ne sera en réalité qu’une couche artificielle de vernis créée en surface de son Être. Dans les profondeurs, toutes les pensées et émotions seront encore bien vivantes, attendant la moindre occasion pour remonter en surface et solliciter l’accueil inconditionnel de la Conscience. Identifié à ces fausses représentations de la « perfection spirituelle » à atteindre, l’individu souhaitera à tout prix rester dans cette paix à l’odeur de chloroforme, conditionnée par la répression de tout ce qui lui est opposé. A cette fin, il est plus que probable qu’il cherche à se maintenir à distance du « monde moderne », c’est-à-dire de la société de consommation, des autres, qui ont la fâcheuse tendance à lui faire revivre des états qu’il ne souhaite plus connaître pour rester dans son illusion de libération intérieure.
Quand l’ego récupère l’aspiration au Sacré pour servir ses intérêts
C’est ainsi que l’individu va de plus en plus prendre refuge dans « sa bulle », sans se rendre compte qu’il ne fait en réalité que de se créer une prison mentale ; une prison dotée de jolis barreaux de couleurs, mais une prison quand même ! Il aura créé un « ego spirituel », auquel seront associées de subtiles stratégies d’évitement, non seulement par rapport à lui-même, mais également vis-à-vis du monde extérieur. Il donnera l’impression que plus rien ne semble l’atteindre et que sa capacité à planer au-dessus des contingences de ce monde le rend plus évolué que tous ces « pauvres ignorants » qui sont aux prises avec elles au quotidien, se donnant ainsi raison en donnant tort aux autres. Il se sentira « spécial » par sa faculté à se réfugier rapidement dans sa bulle aseptisée dans laquelle il ne sentira plus rien, en effet, mais pas parce qu’il aura transcendé les phénomènes, mais parce qu’il sera passé expert dans l’art de les étouffer par d’astucieuses stratégies d’occultation. Pour entretenir cette nouvelle identité égotique valorisante de l’être « éveillé », il développera une argumentation qui lui permettra de balayer d’un revers de main toutes les critiques, et toute forme de remise en question, s’enfermant de plus en plus profondément dans le cachot de ses propres croyances erronées, allant même jusqu’à refuser de considérer qu’il puisse faire fausse route. Sa capacité à tout relativiser au nom de la Non-dualité lui donnera facilement l’impression d’être inattaquable, incontestable, ce qui sera extrêmement valorisant pour son ego. Qu’il se positionne avec mépris à l’égard de ceux qui, selon lui, ne peuvent pas comprendre, ou qu’il leur sourie béatement pour leur faire comprendre qu’il n’est pas atteint par leur critique et qu’il est dans « l’amour inconditionnel » à l’égard de toute forme de vie (bien qu’il les considère comme des illusions…), c’est à son ego qu’il sera identifié dans un cas comme dans l’autre. Pour ne pas risquer de dévoiler tout ce qui, en lui, serait de nature à donner une image de lui en total décalage avec ce qu’il aspire à vivre, il va se parer d’un masque derrière lequel sera caché tout ce qui est attribué à l’ego. L’individu projettera une image de perfection, de pureté, de maîtrise. Il évitera par dessus tout de montrer de la déception, de la frustration, de la peur, des doutes, pour donner l’impression qu’il vit effectivement la Non-dualité. Mais en arrière-plan, derrière ce faux-semblant d’équilibre, son âme sera toujours meurtrie, étouffée, prisonnière. La vérité du vivant en lui trouvera toutefois un moyen de se manifester malgré tout au travers de son langage non-verbal, qui traduira bien souvent sa tension intérieure ; son corps reflétera cette disharmonie par des symptômes en tout genre, des maladies, des déséquilibres, dont il ignorera le message au même titre que ses états d’âme puisque pour lui, il n’y a que le Soi qui soit réel.
La Voie de la Non-dualité n’est pourtant pas le seul « eldorado spirituel » tant recherché par les individus en quête de stimulation compensatrice. Nous retrouvons également à ce niveau tout ce qui touche de près ou de loin à la très répandue vulgate new age de l’Ascension, prônée par les fameux « Maîtres ascensionnés », par l’intermédiaire de leurs « channels » attitrés (qui d’ailleurs s’autosuggestionnent plus souvent qu’ils ne voudraient bien l’admettre). La dynamique est en tout point semblable, car dans ce cas-là également, ce sont de nouvelles croyances qui sont créées en rapport avec ce qui est parfait et ce qui ne l’est pas, approfondissant tout aussi efficacement la dualité entre l’ombre et la lumière, et coupant donc également l’âme en deux au lieu de la réunifier. Dans ce second cas, ce qui sera recherché comme un but en soi sera la perfection également, qui ne sera toutefois pas seulement assimilée à un état de conscience, mais aussi (et surtout) à un ensemble de caractéristiques et de capacités extra-sensorielles que seuls les « Êtres de Lumière » peuvent posséder, induisant de fait l’idée que tout ce qui est différent de ces conditions est forcément imparfait spirituellement parlant. De la même manière, pour atteindre cet idéal qu’il s’est construit mentalement, l’individu va cacher et réprimer tout ce qui, en lui, pourrait l’empêcher d’être à l’image de cet idéal qui lui fait perdre de vue que le but n’est autre que le chemin lui-même, tout comme il l’incite à se parer de beaux masques pour (se) donner l’impression de l’avoir atteint et améliorer ainsi son sentiment de soi. Puisque nous y sommes, nous pourrions encore dénoncer la fascination suscitée par les expériences extra-sensorielles, comme les expériences de mort imminente (NDE), les sorties hors du corps (appelées aussi « projections astrales ») ou les états de transes hypnotiques, que l’on confond malheureusement parfois avec l’avancement spirituel. Au même titre encore, l’attrait des masses pour les guérisseurs en tout genre, les médiums, les « channels », les voyants, les chamans et les pseudo-éveillés autoproclamés, contribue à détourner l’attention vers des « formes » extérieures, avec lesquelles il se crée bien souvent un lien de dépendance. Tout ceci est d’une importance toute relative comparativement à l’absolue nécessité d’un travail de guérison intérieur et à la recherche de l’autonomie grâce à laquelle on réfléchit par soi-même et on devient sa propre référence. Tout ce qui détourne l’attention vers l’extérieur procède de l’ego, quand bien même cela serait merveilleux ou sensationnel en apparence. Nous aimons citer Jung, qui affirmait à juste titre que « ce n’est pas en regardant la lumière qu’on devient lumineux, mais en plongeant dans l’obscurité ». C’est à cette capacité à ressentir et à témoigner en toute transparence de la vérité du vivant en soi-même, qu’on reconnaît la véritable grandeur spirituelle, à plus forte raison lorsque cette vérité réactive la peur de la perte, du rejet, du jugement, de la privation d’amour.
Tuer le « vivant » pour atteindre le Soi : la grande illusion
Le renforcement de l’ego, le relativisme moral et l’état de passivité morbide dans laquelle se place l’individu qui s’est trompé d’étape en s’engageant directement dans la Voie de la Non-dualité, sont précisément ce que dénoncent ses farouches adversaires, qui la qualifient à ce titre de « diabolique ». A en juger par les conséquences néfastes auxquelles s’exposent ceux qui se sont ainsi fourvoyés, il est justifié d’utiliser cet adjectif, dans la mesure où, effectivement, le principe de la dualité est renforcé dans la psyché de l’individu égaré. L’adepte de la Non-dualité qui se trompe de cible approfondi la dualité, et par conséquent, renforce l’emprise du « diable » en lui, c’est-à-dire de son ego. Au sens étymologique du terme, le diable (diabolos, en grec), est « ce qui se jette en travers », c’est ce qui « coupe » en deux et qui rompt l’unité. Ici, ce qui est coupé par le diable-ego, c’est l’âme vivante. Lorsque l’ego s’interpose entre la Conscience et ce qui est « vivant » ici et maintenant, soit les sentiments et les pensées, l’âme vivante ne peut être accueillie telle qu’elle est. Mais s’il faut « tuer le sentiment et la pensée » parce que l’individu croit qu’il s’agit d’une illusion, et donc d’un obstacle à la Réalisation de la Vérité absolue qui est le Soi, alors il est compréhensible qu’il cherche à les détruire. Seulement, ce faisant, l’âme n’est pas accueillie inconditionnellement dans sa nature, elle est réprimée, refoulée dans l’inconscient, où elle se polarise en ombre, c’est-à-dire en énergie vitale bloquée, ce qui a pour conséquence d’approfondir la souffrance et de crucifier l’élan de vie de l’âme, empêchant l’être de s’épanouir en vivant ce qu’il aspire en son coeur,…
Si l’ego existe en tant que le principe de la dualité, c’est bien parce qu’il a une fonction, un rôle. Par ses impulsions d’attraction et de répulsion, il définit l’individualité et le sens du « je » qui lui est associé, et en protège l’intégrité. C’est un principe de survie au service de l’âme vivante. Durant les premières années de l’enfance, l’ego joue son rôle de manière harmonieuse, protégeant l’âme sans l’étouffer, dans un juste équilibre intérieur. Seulement, en grandissant, avec le développement de son mental, l’être va commencer à discerner ce qui, en lui, est digne d’être aimé ou pas par le monde extérieur. Si, par exemple, il s’expose au rejet, à l’humiliation ou à la punition en laissant libre court à son élan de vie, il va mettre en place un mécanisme de défense pour éviter de revivre le sentiment désagréable qui en aura été la conséquence. Il s’empêchera désormais de laisser s’exprimer cet élan de vie pour ne pas risquer de souffrir à nouveau. A cet élan de vie réprimé sera associé un mécanisme de défense de l’ego, qui s’activera à chaque fois que l’élan de vie cherchera à se manifester à nouveau. Plus l’être aura souffert de ne pas être accepté et aimé en étant pleinement lui-même, plus il aura mis en place des mécanismes de défense pour ne pas revivre la souffrance passée. C’est ainsi que l’ego se construira autour des blessures émotionnelles, et que l’être se coupera en deux, avec d’un côté les nombreuses identifications à ses schémas de contrôle égotiques, et de l’autre les élans de vie bloqués de son âme, maintenus dans l’ombre.
Toute ombre aspire à retrouver sa lumière, son élan
Les blessures émotionnelles, bien qu’étouffées en arrière-plan, ne passeront pas inaperçues. L’Être ressentira un mal-être en arrière-plan, une tension. Il sentira bien que quelque chose ne vas pas, et c’est justement ce qui le poussera à se tourner vers la spiritualité, où il apprendra que c’est l’ego le grand méchant responsable de son état, de ses problèmes. Cependant, en cherchant à se débarrasser de l’ego et de la souffrance qui lui est associée, il ne fera que reproduire ce qu’il a toujours fait et qui a contribué à l’amener là où il est présentement. Le mécanisme d’occultation deviendra plus subtil et élaboré, certes, mais le résultat sera exactement le même : son âme sera encore et toujours étouffée en arrière-plan, et il continuera de « manquer la cible[4] ». En souhaitant se libérer de l’ego dysfonctionnel qui aura été mis en place pour éviter de revivre la blessure, il le renforcera, se condamnant à revivre continuellement sa souffrance, sous une forme ou une autre. L’élan de vie bloqué aspirera toutefois toujours à retrouver son mouvement, c’est ainsi ! Mais à chaque fois que le « vivant » cherchera à attirer l’attention de la Conscience sur lui pour sortir de l’ombre et ainsi retrouver son mouvement, l’ego s’interposera, et l’être identifié à ses mécanismes de répression se privera d’une opportunité de libération de la souffrance, et par conséquent d’un éveil à sa véritable nature, son âme. En souhaitant tuer tout élan de vie pour atteindre l’idée de l’éveil spirituel qu’il s’est forgé mentalement, l’individu s’empêche de se réaliser en tant qu’âme, et se tue lui-même, en quelque sorte.
Il faut bien comprendre ici que tous les mécanismes de défense de l’ego qui ont été mis en place, si disharmonieux soient-ils, sont tous destinés à éviter que les blessures de l’âme ne soient ressenties à nouveau. Qu’il s’agisse d’une pensée de haine dirigée contre autrui, ou d’une peur d’entreprendre telle ou telle activité, il s’agit-là d’un mécanisme de défense de l’ego, derrière lequel se cache une blessure à laquelle sont attachées des croyances négatives. Que l’on fuie ou que l’on agresse, dans les deux cas il s’agit d’une stratégie de protection. Pour que la réaction dysfonctionnelle de l’ego disparaisse, il n’y a pas d’autre solution que de guérir la blessure émotionnelle qui lui est intrinsèquement liée. Or, en considérant que les réactions égotiques sont des illusions à détruire, on se prive de fait de la possibilité de ressentir la souffrance qui leur est associée, condamnant les parts blessées de l’âme à rester dans l’ombre, figées par un ensemble de croyances inappropriées au sujet de ce qui est bien ou mal[5]. La question n’est toutefois pas de tomber dans l’autre extrême qui consisterait à se laisser complètement dominer par un ego débridé qui nous fera agir comme une vulgaire marionnette. Que l’on réprime l’ego ou que l’on se laisse totalement aller dans ses stratégies défensives, on est encore et toujours sous son emprise.
Avant de songer à transcender l’individualité, il faut la guérir.
La stabilisation de l’ego par la guérison des blessures émotionnelles ne peut être atteinte que par ce positionnement intérieur bien particulier qu’est la présence à l’instant présent. C’est un état de conscience au travers duquel toute l’attention de la Conscience se désidentifie des réactions conditionnées de l’ego, non pas en les réprimant, mais en plongeant intégralement dans les manifestations sensorielles qui en sont le reflet dans le corps.
La présence n’a strictement rien à voir avec cet enfermement dans un espace aseptisé déconnecté du « réel ». La présence est au contraire la plongée intégrale dans le réel, dans le vivant, plongée qui est en même temps une ouverture à la Lumière spirituelle. »
Disons-le sans détour, la présence à l’instant présent n’a strictement rien à voir avec l’état de Non-dualité. Lorsque nous sommes présents à ce qui est « vivant » dans notre corps, il y a encore et toujours une dualité entre le sujet (la Conscience focalisée) et l’objet (la sensation) qu’il perçoit. Toutefois, ce regard pénétrant rompt l’identification au mécanisme de défense de l’ego dysfonctionnel et de ce fait, nous libère de la forme la plus grossière de la dualité qui consiste à détourner l’attention hors du « vivant », hors de soi-même. En ressentant avec une totale attention ce qui se passe dans le corps, l’ego ne peut plus se « jeter en travers » et détourner l’attention en périphérie de soi-même. Il y a ré-union entre l’esprit et le corps, bien que cette « unité » soit encore et toujours relative par rapport à l’état inconditionné de l’identification pleine et entière au Soi (ce qu’est proprement l’état Non-duel). En d’autres termes, bien que l’individualité ne soit pas transcendée, il y a renoncement aux identifications de l’ego dysfonctionnel.
Par cette action de présence, toute intérieure, le voile psychique de l’ego est tranché et la Lumière spirituelle peut librement « descendre » le long du canal ouvert de la Conscience et éclairer ce qui était jusque-là maintenu dans l’ombre. C’est ainsi que l’énergie vitale bloquée de l’âme peut être remise en mouvement, et que la guérison peut avoir lieu, libérant de fait le schéma égotique dysfonctionnel qui lui était associé et qui privait l’être de la liberté d’être pleinement lui-même. Mais il est bien clair que pour vivre cette illumination intérieure, il est impératif d’accepter de se détourner des illusions construites par notre ego, pour plonger à l’intérieur du « réel » qui s’exprime au travers du corps. Au lieu de cela, si nous considérons qu’il faut « tuer les sentiments », nous émettons un jugement indirect et les privons de la Lumière de l’acceptation inconditionnelle de la Conscience pure focalisée sur eux. Cette régénération psychique de l’âme vivante est l’étape intermédiaire indispensable qui permet de retrouver un ego stable et maîtrisé, qui ne sera dès lors plus un obstacle, mais un allié au service de l’âme pour lui permettre de se réaliser dans le monde par l’expression de sa créativité.
La guérison des blessures émotionnelles rendue possible par l’état de présence à « ce qui est » vivant ici et maintenant, en soi-même, est donc le préalable nécessaire pour tout individu qui s’engage sur le chemin spirituel. Chercher à s’élever en conscience dans la (re)connaissance de son essence originelle, sans avoir préalablement créé une structure identitaire saine, solide, équivaudrait à vouloir prendre appui sur un sol marécageux. Le résultat ne pourrait être qu’un plus grand enlisement. Cette métaphore signifie que toute volonté d’atteindre la Non-dualité à partir d’un ego instable, contribuerait à approfondir la dualité psychique, c’est-à-dire à séparer plus fortement encore l’ombre et la Lumière à l’intérieur de l’âme vivante.
Tant que la dynamique d’occultation des blessures et de tout ce qui est susceptible de dégrader le sentiment de soi sera entretenue, la quête spirituelle sera récupérée par l’ego à des fins de compensation.
Revenir dans la Voie du Juste Milieu
Du point de vue de la Conscience, il n’y a donc pas de pensées ou d’émotions impures qu’il faudrait tuer parce qu’elles seraient « mauvaises ». Il n’y a que des manifestations harmonieuses ou disharmonieuses qui se manifestent dans le corps ici et maintenant. Toute manifestation disharmonieuse est le signe d’un déséquilibre, d’une énergie vitale bloquée, qui indique que l’âme vivante n’est pas en mesure de s’incarner pleinement pour offrir sa Lumière au monde. Ce signal d’alarme est une invitation lancée à la Conscience pour qu’elle se tourne vers ce « chaos » intérieur pour y rétablir l’ordre, la Lumière. Ce chaos énergétique qu’est la souffrance et qui déclenche les mécanismes égotiques, n’est pas le « diable ». Le diable est précisément ce qui s’interpose et accuse ce chaos d’être mauvais, en créant toutes sortes de stratégies destinées à détourner l’attention ou à le tuer. Dans un cas comme dans l’autre, le diable-ego empêche la réunion intérieure. C’est ainsi qu’il nous dupe : il nous déporte vers l’extérieur, dans le monde des illusions, en nous faisant croire que c’est là que nous y trouverons la paix, le bonheur, l’amour, si nous nous débarrassons de tout ce qui nous en éloigne. Que l’on soit aux prises avec des considérations tout à fait matériel au quotidien, ou que l’on s’investisse corps et âme dans la recherche de la Non-dualité, la dynamique est toujours la même : détourner l’attention, manquer la cible.
Entre parenthèses, si les opposants de la Non-dualité ont raison d’un certain point de vue en pointant du doigt les nuisances vécues par ceux qui cherchent à la vivre, nous ne manquons pas de relever qu’ils se trompent également de cible en maintenant leur attention focalisée sur des « problèmes » à l’extérieur. En effet, en critiquant souvent avec une forte charge émotionnelle, ils sont eux-mêmes influencés par un ego dysfonctionnel qui les maintient à l’extérieur d’eux-mêmes, empêchant leur âme de vivre la vie à laquelle elle aspire. Par leur dynamique d’opposition, ils ne font en fait que de renforcer ce qu’ils combattent, se persuadant bien évidemment d’avoir raison en donnant tort aux autres, et améliorant de ce fait leur sentiment de soi en compensation de leurs blessures intérieures. C’est ainsi que ceux qui s’illusionnent en cherchant la Non-dualité avant d’avoir régénéré leur âme, et ceux qui les critiquent, s’établissent dans des tendances situées à des extrêmes opposées, mais qui se rejoignent en fait dans une dynamique commune, celle de l’ego ! Celui qui s’établit dans une extrême ne peut jamais détenir la Vérité, que seul peut Vivre (c’est à dire connaître par l’expérience) celui qui chemine sur la Voie du Juste Milieu. « Je suis la Voie, la Vérité et la Vie » (Jean 14:6), disait Jésus-Christ, symbole de l’âme vivante qui n’est autre que cet élan de vie en chacun d’entre-nous.
La présence, en tant que force de changement
Certains prétendent que la présence à l’instant présent est également « diabolique » dans le sens où l’acceptation inconditionnelle qui la caractérise, sous-tend une passivité qui dissuaderait toute action extérieure en vue d’améliorer le monde, de se battre contre les injustices, les inégalités, etc., et qui de ce fait ferait sombrer l’individu dans l’acceptation perverse de l’immoralité. Nous comprenons qu’il soit tentant de penser ainsi au premier abord, mais en vérité c’est bien tout le contraire qui se produit chez celui qui vit la présence correctement. Grâce à la libération de l’ego dysfonctionnel, l’individualité retrouve sa liberté d’être et peut agir en étant porté par son élan de vie restauré, contribuant ainsi à transformer le monde par sa lumière totalement assumée. En apportant ainsi au monde ce qui lui fait défaut (la lumière), cet individu-là déploie une force de changement bien plus puissante que ceux qui le critiquent dans sa démarche et restent focalisés sur des soi-disant « problèmes », sans se rendre compte qu’ils ne font en réalité que de renforcer en eux ce qu’ils prétendent dénoncer à l’extérieur, puisque dans la dynamique qui est la leur ils se privent de toute possibilité de transformer le système en lui apportant ce qui lui manque. C’est là le grand paradoxe que l’on retrouve toujours quelles que soient les tendances qui s’opposent.
Nous espérons avoir pu démontrer aussi clairement que possible que la présence n’a rien à voir avec cette fausse représentation de la Non-dualité qui consiste à échapper au « vivant » pour s’établir dans un espace de vacuité artificiel, ni même avec un état de passivité qui nous rendrait inactif dans ce monde qui a grand besoin d’être réformé, évidemment. Nous sommes persuadés que c’est au contraire grâce à la présence bien vécue à soi-même que nous pouvons espérer nous guérir pour retrouver cette capacité à être libre d’agir en étant alignés sur les élans de vie de notre âme, et ainsi apporter à ce monde ce dont il a cruellement besoin. Tel est l’objectif de la restauration de l’état primordial de l’âme vivante, l’œuvre au blanc alchimique, étape indispensable avant sa transcendance et l’entrée dans la Non-dualité, le Royaume de Dieu… !
[1] « Voici, je vous envoie comme des brebis au milieu des loups; soyez donc prudents comme des serpents, et simples comme des colombes » (Matthieu 10:16).
[2] « Un bon arbre ne peut porter de mauvais fruits, ni un mauvais arbre porter de bons fruits. Tout arbre qui ne porte pas de bons fruits est coupé et jeté au feu. C’est donc à leurs fruits que vous les reconnaîtrez » (Matthieu 7:18-20).
[3] Considérer qu’une religion est meilleure qu’une autre est un point de vue fondé sur la méconnaissance de l’unité foncière qui existe entre toutes les religions. Pour ce dont il est question ici, l’état de Non-dualité de l’hindouisme peut correspondre au Royaume de Dieu des chrétiens, au Wu-ki (Non-Être) des taoïstes, au Sunyata (Vacuité) des bouddhistes, par exemple.
[4] Cette expression est le sens profond du « péché » dont il est question dans la Genèse. Pécher, c’est manquer la cible en étant identifié aux mécanismes de défense de l’ego, qui nous empêche d’être centré, aligné sur le mouvement même de la vie, qui est notre âme, l’amour en mouvement. Manquer la cible, c’est être en dehors, en périphérie, à l’extérieur, « hors de soi-même ».
[5] La « connaissance du bien et du mal » est l’expression utilisée, dans la Genèse, en référence au principe de la dualité, l’ego, l’adversaire qui s’oppose, symbolisé par le serpent (nahash).