
La définition du mot « mystique », donnée dans l’encyclopédie, est la suivante :
Le mysticisme, la mystique (du grec μυστικος – « caché », « secret ») est une doctrine philosophique et théologique ainsi qu’une expérience spirituelle relative à la communication avec l’Au-delà et les forces surnaturelles.
Si le but de la mystique est la liaison (union) directe avec Dieu et les puissances divines, alors, on parle de la mystique religieuse.
On rencontre différentes formes du mysticisme dans toutes les religions et croyances du monde.
Voyons ce que les mystiques disent sur eux-mêmes.
Le mysticisme, c’est l’essence et le fondement de toute connaissance, science, art, philosophie, religion et littérature.
Si nous remontons à la source de la médecine, aujourd’hui développée en science pure, nous découvrirons que sa source se trouve dans l’intuition.
Par exemple, Avicenne, le grand mystique persan, a apporté dans la médecine plus que
quiconque durant toute son histoire.
Nous savons que l’essence de la science est une connaissance fondée sur la raison et la logique, mais où la science commence-t-elle?
Elle ne commence pas par la raison ni la logique.
Dans un premier temps, c’est une intuition, puis, elle est appuyée sur la raison et, seulement après, c’est la logique qui s’applique.
Les gens présument que le mystique est un rêveur, une personne peu pratique qui n’est pas du tout au courant de ce qui se passe dans la vie quotidienne.
Mais, c’est un demi-mystique.
Le mystique, dans le vrai sens du mot, est sage dans les affaires du monde séculier ainsi que dans les affaires du monde spirituel.
Le mysticisme, c’est un point de vue sur la vie.
Ce qui semble être réel pour les gens ordinaires est irréel pour les mystiques ; et les choses qui semblent être irréelles pour les gens ordinaires sont tout à fait réelles pour les mystiques.
Pour le mystique, Dieu est la source et le but de tout.
Dieu est le tout et le tout c’est Dieu.
Mais pour le mystique, Dieu n’est pas une abstraction, pour lui c’est une réalité.
Le mystique ne pense pas à Dieu comme à une abstraction ; pour lui ce n’est pas une question de connaissance mais de l’être.
Dieu pour lui est réel.
Une fois, un chercheur occidental de la vérité est venu chez un sage chinois pour demander
à celui-ci ce qu’était la vérité. Le sage a répondu :
« Beaucoup de tes compatriotes viennent chez nous et nous enseignent leur religion. Pourquoi tu es venu chez moi ? »
L’homme d’Occident a répondu : « Mes compatriotes enseignent au sujet de Dieu.
Nous connaissons Dieu ; maintenant, je souhaiterais apprendre avec ton aide tout ce qui concerne le mystère de la vie ».
Le sage a répondu :
« Si tu connais Dieu, c’est tout ce qu’il est possible de savoir ; il n’y a rien d’autre.
C’est tout le mystère qui existe ».
Les gens de la même religion disent: “Christ et Dieu sont consubstantiels.
Sous ce nom, ils reconnaissent leur idéal.
Les gens d’un autre pays reconnaissent leur idéal dans le Bouddha.
Les musulmans disent qu’ils croient en Muhammed .
Les hindous croient en Krishna.
Mais jusqu’à ce qu’ils n’acquièrent un véritable esprit de leur idéal en eux-mêmes, ils se disputeront et seront toujours en guerre en disant: « Notre maître est grand ». – « Non, le notre est plus grand”.
Ils ne voient pas que c’est le même Dieu.
Une fois, des petites filles se disputaient : « Ma mère est la meilleure ». – « Non, c’est ma mère qui est la meilleure ».
Un passant les a arrêtées :
« Il ne s’agit pas de ta maman ou de la sienne, il s’agit du fait que maman est toujours la meilleure.
C’est la qualité de maman, son amour et sa sollicitude ».
Le principe de la morale mystique – c’est un principe de l’amour.
Il dit: “Plus grand est ton amour, plus grande est ta morale.”
Si nous nous forçons d’être vertueux, selon un certain critère, une certaine loi ou règle, ce n’est pas encore une vraie vertu.
La vraie vertu vient de la profondeur du cœur ; ce n’est que le propre cœur qui est capable d’enseigner la morale.
Il n’y a pas de meilleur maître de morale que l’amour car la première leçon d’amour est la suivante :
« Moi, je ne suis pas. Toi, Tu Es uniquement !»
C’est une abnégation sans laquelle il est même impossible de faire un pas sur le chemin de l’amour.
Jusqu’à ce qu’il y ait même une pensée personnelle, il n’y aura pas d’amour.
Mais quand la notion de « soi » est retirée de chaque acte, alors, tout ce qu’on fait dans la vie, se transforme en bien.
Quelle est la religion du mystique ?
La religion du mystique est un mouvement constant vers l’unité.
Comment s’effectue-t-il ?
De deux manières.
Premièrement,
il se retrouve dans les autres : dans les bons et les mauvais, en tout et, ainsi, élargit l’horizon de sa vision.
Cette étude se fait au cours de toute sa vie, et donc, ainsi, il s’approche de l’unité de toute substance.
Deuxièmement,
il prend de plus en plus conscience de dieu en lui-même et de lui-même en Dieu, et ainsi, il approfondit sa conscience.
Ce processus se produit dans deux sens: à l’extérieur, unie avec tout ce qu’on voit, à l’intérieur, unie avec cette Vie qui est éternelle et y étant dissous, ayant toujours pleine conscience de cet Esprit qui est l’Etre, un seul Etre…
La loi du mystique, c’est la compréhension de la loi générale.
Un homme ordinaire dit : Cette personne m’a vaincu.
Je l’aurai ! ».
Le mystique a un autre point de vue.
Il sait que personne dans le monde ne pourra éviter le châtiment pour tout ce qu’il a fait.
Nous payons pour tout : pour chaque miette de nourriture, gorgée d’eau, inspiration.
Nous payons toujours, mais nous ne le savons pas.
Cela montre que la justice parfaite travaille derrière tout.
Il est impossible d’éprouver le moindre plaisir sans payer, et toute douleur a sa rémunération, même si peu de gens le comprennent.
C’est pourquoi derrière chaque mensonge et injustice que nous voyons, la sagesse parfaite travaille jour et nuit.
Le mystique voit ça avec les yeux ouverts et ça, c’est une véritable miracle.
Quand on ne comprend pas une loi, il n’y a pas de meilleur jeu que d’essayer de la comprendre.
Le Christ enseignait:
«Si quelqu’un te demande une chemise, donne-lui également un manteau ».
Un homme séculier dirait :
« Ce n’est pas pratique.
Comme ça, il faudra offrir une chemise avec un manteau chaque jour, il n’y aura pas assez d’argent ».
Mais du point de vue du Maître, c’est plus qu’un conseil pratique car, pour tout ce que nous donnons, nous sommes rémunérés d’une certaine façon.
Une pensée pure, une bonne volonté, un service – tout ce que nous donnons, nous revient.
Et ça revient à mesure de notre empressement avec lequel nous donnions, mille fois plus.
C’est pourquoi les généreux ne perdent jamais, ils acquièrent seulement.
Le chemin vers la perfection pour le mystique c’est la destruction d’ego, d’un faux « je ».
Il comprend qu’un vrai « je » de l’homme est Divin, mais ce vrai « je » est caché derrière le faux « je ».
Chaque homme possède ce faux « je », il commence à grandir en nous dès la naissance.
L’homme développe en soi une fausse impression de lui-même, en s’identifiant avec quelque chose qu’il appelle soi-même.
Il dit : « Je suis docteur, étudiant, sdf, père, fils, je suis fier, je suis modeste », mais en réalité, il n’est pas du tout comme ça.
Le mystique qui a pris le chemin de l’Esprit, efface, comme il le peut, instamment, ce faux « je » par la méditation, prière, étude.
Son but est d’enlever ce faux « je » afin qu’un jour, un vrai « je » luirait en maître.
L’étincelle divine dans l’homme devient de plus en plus fort et un jour, s’extériorise : comme une source, elle prend de l’ampleur et devient une rivière, qui guérit et rend heureux ceux qui viennent en contact avec elle.
Dans le cœur du mystique, il y a le feu inextinguible de l’amour pour Dieu, qui brille plus fort que des milliers de soleils, et Dieu, lui-même, se manifeste dans ce feu.
Il n’y a qu’un seul Dieu, une seule vérité, une seule religion, un seul mysticisme : appelez ça le christianisme, indouisme, bouddhisme, islamisme, soufisme, comme vous voulez.
Comme Dieu ne peut pas être divisé en parties, le mysticisme non plus n’est pas divisible.
Quand la personne dit :
« Ma religion est différente de la tienne », il se trompe.
Tout simplement, il ne comprend pas de quoi il parle.
Il n’existe pas beaucoup de sagesses, la sagesse est unique.
L’erreur de l’humanité est de dire : ça, c’est « oriental » et ça, c’est « occidental » ; cela ne prouve l’absence de sagesse.
La vérité divine est unique, indépendamment dans quelle partie du monde l’homme habite.
Le mysticisme est un chemin par lequel cette vérité se réalise.
Le Seigneur Jésus a dit :
« Je suis le Chemin et la Vérité ». Il n’a pas dit : « Je suis les chemins et les vérités », car le Chemin est le seul, les autres chemins n’amènent nulle part.
Il existe beaucoup de religions, mais une seule Vérité ; beaucoup de maisons de culte de Dieu, mais Dieu est unique ; beaucoup d’écrits, mais une seule vérité.
Les gens pensent souvent que le mystique doit être un ascète, un homme sans expérience, pas de ce monde.
Ce n’est pas ça.
Un vrai mystique est tout à fait équilibré.
Sa tête est dans les nuages, mais les pieds sont fermement sur terre.
Un vrai mystique est éveillé dans les deux mondes – le visible et l’invisible.
Le mystique a atteint un équilibre entre la force et la beauté.
Dans la vie du mystique, il n’y a pas de limites ; en lui, il y a de tout : de l’équilibre, de l’esprit et de l’harmonie.
Le mystique accepte n’importe quelle religion, mais il est plus au-dessus de ce que les gens appellent la religion.
Lui-même, il est la religion, sa morale est la morale de toutes les religions : rémunérer pour tout le bien par le bien, faire le bien aux autres sans rien attendre en retour, et se sacrifier au nom de l’amour, l’harmonie et la beauté.
Le Dieu du mystique est dans son propre cœur ; la vérité du mystique est inexprimable par les mots.
Il sait, mais ne dit pas.
Il sait que le bonheur est dans son propre cœur, mais l’exprimer avec des mots, c’est comme essayer de mettre l’océan dans une goutte d’eau.
Il a trouvé le royaume de Dieu sur terre, le royaume sur lequel le Christ a dit:
«Cherchez le royaume de Dieu, et tout le reste viendra avec. “
Hazrat Inayat Khan.