Seule la Présence est Toujours Présente

Texte de Rupert Spira

Q : Vous dites nous prenons notre corps/groupe de sensations pour nous-mêmes, et inversement le ventilateur ou la chaise comme différents de nous-mêmes, à cause d’habitudes culturelles apprises. Toutefois la différence principale, je pense, est que le corps dans l’état de veille est toujours présent dans mon expérience…

R : Que votre corps soit toujours avec vous est une croyance et non une expérience. Le corps est seulement constitué de sensations et de perceptions. Ces sensations et perceptions apparaissent et disparaissent dans La Présence connaissance.

C’est simplement une pensée, qui imagine que la somme totale de toutes ces sensations et perceptions est un objet qui existe en permanence, et qu’on appelle le corps. Aucune entité de la sorte n’a jamais été expérimentée.

Si nous regardons de près, simplement et honnêtement notre expérience, nous trouverons de nombreuses occasions, où les sensations et perceptions, que le mental nomme “le corps”, ne sont pas présentes. Pendant ces moments, il peut y avoir des pensées, des images ou des perceptions de ce qu’on appelle le monde, apparaissant dans la Présence connaissance, ou il peut n’y avoir aucune pensée, sensation ou perception.

Dans les deux cas, est-ce que la Présence connaissance disparaît ?
Non !

En d’autres termes, nous avons souvent l’expérience de la disparition du corps, mais nous n’avons jamais l’expérience de la disparition de notre Soi.

Q: La reconnaissance de la conscience comme moi-même semble avoir une portée limitée… Si je peux regarder continuellement de cette position de la conscience en tant que témoin, cela semble être une position passive et une source de frustration, d’être ainsi coincé sur une chaîne (analogie avec la TV) … Je réalise que j’ai mis en place une nouvelle entité séparée… le témoin “derrière” mon expérience…

R: C’est une compréhension partielle, vous avez vu que c’est “je”, la Conscience, qui est témoin du mental, du corps et du monde, alors qu’auparavant votre compréhension était que “je” le corps/esprit était témoin du monde.

Cette compréhension est pour ainsi dire, à mi-chemin entre la croyance que nous sommes un corps/esprit et la compréhension expérimentale que nous sommes la Présence illimitée et non localisée, qui est à la fois la source et la substance de toutes choses.

Celui qui regarde, dont vous parlez, est comme l’avez justement observé, une entité séparée. Une telle entité devrait être du côté de l’expérience, de ce qui est regardé et non de ce qui regarde, car en tant qu’entité elle doit par définition avoir des caractéristiques observables.

Voyez de cette façon que quel que ce soit ce qui regarde, il ne peut pas avoir de caractéristiques observables. Donc lorsqu’il est clair que vous êtes la Conscience qui regarde, voyez s’il existe quoi que ce soit dans votre expérience, pour valider la croyance qu’elle est limitée ou localisée.

Prenez n’importe quelle pensée, image, sensation ou perception et demandez-vous s’il existe une distance entre la pensée, l’image, la sensation ou la perception et la Conscience elle-même. Observez ainsi que toute expérience est identiquement intime. Rien n’est plus proche ou plus éloigné de “ce qui la connaît” que toute autre chose.

Maintenant allez plus profondément dans n’importe quelle pensée, image, sensation ou perception et voyez si vous pouvez y trouver une substance autre que la Conscience même.

En d’autres termes, lorsque nous allons plus profondément dans notre expérience, nous trouvons que la Présence connaissance qui regarde et se trouve, pour ainsi dire, en arrière-plan de toute expérience, est également le premier plan, la substance même de notre expérience.

En arrière-plan, elle est indépendante, impartiale, intouchable, immuable, inchangeable et indifférente, mais en premier plan, c’est la substance même de l’expérience. En tant que telle elle est connue comme l’amour.

Nous pouvons dire aussi qu’en tant que paix nous somme l’arrière plan de l’expérience, et en tant qu’amour nous sommes le coeur de l’expérience.

Ainsi, il n’est pas question de frustration face à l’incapacité de “changer de chaîne”. Une telle frustration réclamerait quelqu’un qui s’imagine être une entité séparée de l’expérience, avec la possibilité de la changer ou la manipuler pour qu’elle lui plaise.

En l’absence d’une telle entité, il y a absence de frustration. Ce qui ne signifie pas être simplement passif – ce serait la version inverse de la précédente.

Au contraire, tout est vu comme une expression de la totalité, et nous-même comme la substance même de cette totalité, et en même temps la connaissance, l’être et l’amour de celle-ci.

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