La défusion cognitive.

L’être humain a tendance à nager dans ses pensées comme les poissons nagent dans l’eau, inconscients de l’existence de l’eau qui les environnent.

Il est facile d’être absorbé par ses pensées au point de ne pas se rendre compte qu’une pensée n’est qu’une pensée, une production du cerveau.

Qu’arriverait-il si les poissons devenaient conscients de l’eau ?

La défusion cognitive réfère à un état d’esprit dans lequel une distance psychologique est prise par rapport aux pensées, ce qui favorise plus de flexibilité psychologique.

Les pensées, émotions, sensations, souvenirs… ne sont qu’une expérience subjective, constituée d’événements (états) psychologiques plutôt qu’une représentation littérale et directe de la réalité.

  • Nos pensées tournent en boucle en nous, elles en deviennent obsédantes, pathologiques.
  • Nous n’avons aucune distance avec elles car elles prennent tout l’espace.
  • Nous perdons le contact avec l’expérience directe et la vie pour ne plus vivre que dans notre sphère mentale.
  • Elles sont perçues comme des vérités absolues, génératrices de croyances, d’illusions, de souffrances, de conflits …

de ce fait, notre vie est entièrement est régie pas nos pensées, par nos representations, interprétations .

La défusion cognitive dans philosophie (Paradigme Duel)

Prends garde à ce que ta représentation ne t’emporte” Épictète

L’état de pleine conscience est une façon concrète de ne pas nourrir de jugements négatifs ou des refus de la vie telle qu’elle se présente.

Elle permet ainsi d’éviter ou de réduire des émotions de colère, de tristesse et de peur destructrices pour réorienter notre attention vers des perspectives plus constructives.

Cette conscience du jugement et de son effet se retrouve chez Épictète par exemple :

« Ce qui trouble les hommes, ce ne sont pas les choses, mais les jugements qu’ils portent sur les choses. » Épictète

Épictète applique ce principe à la mort : « Ainsi la mort n’est rien de redoutable (…) mais le jugement que nous portons sur la mort en la déclarant redoutable, c’est là ce qui est redoutable. »

  • Prendre conscience de l’effet des pensées, de notre perception et des jugements dans nos états émotionnels

On retrouve ainsi le modèle cognitif des émotions en psychologie selon lequel les émotions, en particulier celles qui persistent, dépendent de notre façon d’évaluer et de percevoir les choses. Albert Ellis, un des fondateurs de la thérapie cognitive, disait ainsi « Ce que vous ressentez est largement dû à ce que vous pensez. »

Dans la pleine conscience, nous voyons nos jugements pour ce qu’ils sont en premier lieu : des pensées, des événements mentaux, des reflets de la réalité, plutôt que la réalité elle-même ou soi-même. Sans attachement aux pensées, les pensées perdent ainsi leur pouvoir de nous rendre malheureux, « troublés ». Nous pouvons changer de pensées plus facilement. Notre flexibilité de penser et d’agir est plus grande.

  • L’acceptation de la vie

Grâce à cette distance vis-à-vis des jugements, la pleine conscience rend possible le mode « être ». De même, Epictète introduit la possibilité d’une acceptation du moment présent en ces termes :

« Ne demande pas que ce qui arrive arrive comme tu veux. Mais veuille que les choses arrivent comme elles arrivent, et tu seras heureux ».

Cela rejoint les notions d’acceptation, de lâcher prise ou d’accueil et d’ouverture que l’on retrouve dans la pleine conscience.

Lire

Cette notion est toutefois trompeuse lorsqu’elle est confondue avec de la résignation, une soit-disante « acceptation » subie, non-désirée, de façade… une « acceptation » forcée, parce que « je n’ai pas le choix » ou parce « qu’il le faut »… Au contraire, le lâcher prise intervient lorsque nous sommes clairement conscients que notre comportement produit des conséquences néfastes et que nous choisissons délibérément d’arrêter de contribuer à notre malheur, par exemple en ruminant ou en continuant de réagir. C’est une libération. Le problème disparaît ou se réduit en fonction de notre degré d’acceptation. Contrairement à la résignation, l’acceptation ne revient pas à agir en ignorant des besoins ou des valeurs personnels ou en faisant comme s’ils n’avaient pas d’importance. Cet accueil n’est pas non plus un évitement ou une soumission car il n’est pas motivé par de la peur. Ce n’est pas davantage une démission. Il ne produit pas de la frustration, un sentiment d’impuissance ou de la tristesse, mais au contraire un relâchement de la tension et éventuellement du contentement. L’accueil nous permet plutôt d’être pleinement conscient de notre façon d’interagir avec notre état émotionnel et cognitif, l’assumer et agir en fonction de ce qui en vaut la peine.

Ces deux rapprochements avec Epictète sont en fait centraux dans l’attitude de la pleine conscience, notamment sous son approche MBSR/MBCT, mais aussi dans le modèle de la thérapie d’acceptation et d’engagement (ACT) qui insiste sur le contact avec le moment présent et les processus de défusion cognitive (/non-attachement, décentration…) et d’acceptation.

« Que la force me soit donnée de supporter ce qui ne peut être changé et le courage de changer ce qui peut l’être mais aussi la sagesse de distinguer l’un de l’autre» Marc-Aurèle

Dans cette allégorie de la caverne, Platon nous invite également à nous interroger sur la notion de réalité. Si de prime abord le réel semble être quelque chose de totalement objectif – puisque partagé par tous, il apparaît en fait que la réalité puisse être extrêmement subjective.

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Dans une « demeure souterraine », en forme de caverne, des hommes sont enchaînés…

L’allégorie de la caverne de Platon (428 – 348 avant J-C) est un célèbre texte du Livre VII de La République, présenté sous la forme d’un dialogue entre Socrate et son élève Glaucon.

Une allégorie, c’est une image. Platon a conscience que sa philosophie n’est pas accessible à tout le monde, alors pour que l’on puisse tous comprendre, il utilise des images. À travers cette allégorie, Platon met en scène la condition humaine, la nôtre, Pour lui, nous sommes tous prisonniers d’une caverne.

Cette caverne dans laquelle nous sommes pris au piège, c’est l’illusion. Platon affirme nous vivons tous dans l’illusion. Nous sommes prisonniers de nos jugements, de fausses idées reçues, de croyances… Et tout ça, ça nous empêche de vivre dans la vérité ; puisque ce que nous croyons savoir est faux, notre rapport avec le réel est donc complètement erroné. 

Dans cette allégorie de la caverne, Platon nous invite également à nous interroger sur la notion de réalité. Si de prime abord le réel semble être quelque chose de totalement objectif – puisque partagé par tous, il apparaît en fait que la réalité puisse être extrêmement subjective. 

Les prisonniers de la caverne : allégorie de la condition misérable de l’homme

Platon décrit la situation suivante : des hommes sont enchaînés au fond d’une caverne depuis l’enfance. Ils ne peuvent pas bouger, ni voir l’entrée de la grotte et la lumière du jour. Ils voient seulement une paroi contre laquelle ils aperçoivent la lueur d’un feu situé derrière eux et les ombres d’objets.

La caverne représente l’ignorance de l’homme. C’est ainsi qu’on peut résumer brièvement l’allégorie de la caverne. De fait, celui qui ne sait pas est comme enfermé (privé de liberté), dans un monde qu’il croit être le vrai monde. En réalité, il n’a pas accès à la connaissance réelle (la lumière du jour). Il a seulement accès à une connaissance biaisée (la lueur et les ombres qu’il perçoit). Or, il prend cette connaissance illusoire pour la réalité. Telle est la condition de l’ignorant qui pense que ce qu’on lui dit est vrai. Platon dénonce ici la croyance en la parole des politiques ou des sophistes (des faux philosophes) qui manipulent leur auditoire .

Notons que cette problématique d’accès à la connaissance véhiculée par l’allégorie de la caverne et au savoir est plus que jamais d’actualité. Notamment au regard de toutes les problématiques liées au développement des fake news : elle peut donc permettre d’y approfondir ton analyse.

Analyse de la sortie de la caverne : le chemin vers la connaissance

  • La libération du prisonnier : explication et analyse

« Supposons maintenant qu’on les délivre de leurs chaînes et qu’on les guérisse de leur erreur ».

Dans cette allégorie de la caverne, l’apprentissage est symboliquement représenté par le moment où l’un des prisonniers est détaché et conduit vers la sortie. Il quitte alors un monde fait de lueurs et d’ombres. Il se dirige vers un monde réel éclairé par le soleil (qui représente la connaissance véridique). Cette image est hautement symbolique. Elle associe l’accès au vrai à la liberté : c’est l’accès à la connaissance du monde réel qui rend l’homme libre. Au fond la liberté n’est-elle pas cette élévation de l’homme vers la vérité ? En effet, la liberté ne peut être liberté qu’à partir du moment ou le sujet a accès à une forme de savoir. Avant, elle n’est qu’illusion de liberté. 

  • Comprendre l’importance de l’éducation dans l’accès à la connaissance pour Platon

Celui qui n’a vu que le faux ne peut donc accéder à la vérité et à la réalité de lui-même car, nous l’avons vu, sa réalité n’est autre que ce qu’il a vu depuis sa naissance. Ainsi « ce n’est que peu à peu que ses yeux pourront s’accoutumer à cette région supérieure. » Et ce n’est que grâce au travail du philosophe, qui lui a vu le soleil, que le prisonnier comprendra que ce qu’il voyait dans la caverne n’était qu’illusion.

Platon décrit ici l’importance de l’éducation pour atteindre une forme de vérité. In fine, nul ne peut atteindre la connaissance tout seul ; l’éducation est la seule façon de sortir l’être de son ignorance et de le guider vers une forme de vérité supérieure : vers la lumière du soleil.

Finalement, l’allégorie de la caverne nous révèle quelque chose de fondamental : la connaissance nécessite l’apprentissage, parfois éprouvant. En effet, les prisonniers enchaînés dans la caverne, même s’ils peuvent parler entre eux, ne sont pas en mesure de se confronter à la réalité. Ils voient en effet tous les mêmes ombres. Leur réalité est donc la même, elle est biaisée. Ce n’est que et seulement que lorsqu’un prisonnier est sorti de la caverne grâce à un philosophe qu’il peut prendre conscience qu’est ce qu’est la réalité.

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Autres textes philosophiques :

    “…. Devant chacune des choses qui te divertissent, qui servent à tes besoins, ou que tu aimes, n’oublie pas de te dire en toi-même ce qu’elle est véritablement. Commence par les plus petites. Si tu aimes un pot de terre, dis-toi que tu aimes un pot de terre; et, s’il se casse, tu n’en seras point troublé. Si tu aimes ton fils ou ta femme, dis-toi à toi-même que tu aimes un être mortel; et s’il vient à mourir, tu n’en seras point troublé. […]

 V. Ce qui trouble les hommes, ce ne sont pas les choses, mais les opinions qu’ils en ont. Par exemple, la mort n’est point un mal, car, si elle en était un, elle aurait paru telle à Socrate; mais l’opinion qu’on a que la mort est un mal, voilà le mal. Lors donc que nous sommes contrariés, troublés ou tristes, n’en accusons point d’autres que nous-mêmes, c’est-à-dire nos opinions. […]

    XVI. Quand tu vois quelqu’un qui pleure, soit parce qu’il est en deuil, soit parce que son fils est au loin, soit parce qu’il a perdu ses biens, prends garde que ton imagination ne t’emporte et ne te séduise en te persuadant que cet homme est effectivement malheureux à cause de ces choses extérieures; mais fais en toi-même cette distinction, que ce qui l’afflige, ce n’est point l’accident qui lui est arrivé, car un autre n’en est point ému, mais l’opinion qu’il en a. Si pourtant c’est nécessaire, ne refuse point de pleurer avec lui et de compatir à sa douleur par tes discours; mais prends garde que ta compassion ne passe au dedans et que tu ne sois affligé véritablement. […]

    XX. Souviens-toi que ce n’est ni celui qui te dit des injures, ni celui qui te frappe, qui t’outrage; mais c’est l’opinion que tu as d’eux, et qui te les fait regarder comme des gens dont tu es outragé. Quand quelqu’un donc te chagrine et t’irrite, sache que ce n’est pas cet homme-là qui t’irrite, mais ton opinion. Efforce-toi donc, avant tout, de ne pas te laisser emporter par ton imagination; car, si une fois tu gagnes du temps et quelque délai, tu seras plus facilement maître de toi-même. […]

    XLIII. Chaque chose a deux anses : l’une, par où on peut la porter, l’autre, par où on ne le peut pas. Si ton frère donc te fait une injustice, ne le prends point par le côté de l’injustice qu’il te fait, car c’est l’anse par où on ne saurait ni le prendre, ni le porter; mais prends-le par cet autre côté, qu’il est ton frère, un homme qui a été élevé et nourri avec toi, et tu le prendras par le bon côté, qui te le rendra supportable.

Manuel (publié par Arrien au IIe siècle), Maximes III, V, XVI, XX et XLIII, Traduction André Dacier..

La Défusion Cognitive dans les philosophies orientales (Paradigme Non-Duel)

Le non-dualisme est un concept flou , pour lequel de nombreuses définitions peuvent être trouvées. 

Selon Espín et Nickoloff, le « non-dualisme » est la pensée de certaines écoles hindoues , bouddhistes et taoïstes , qui, de manière générale :… enseigne que la multiplicité de l’univers est réductible à une réalité essentielle.

Les approches  non-duelles (enseignements philosophiques ou spirituels) décrivent la réalité comme non-divisée, Une.

Elles désignent ce qui se trouve en-deçà et au-delà des projections et des interprétations du mental.

L’approche non – dualisme , également appelé non-dualité , signifie “pas deux” ou “un indivisé sans second”. 

Cependant, étant donné qu’il existe des idées et des termes similaires dans une grande variété de spiritualités et de religions , anciennes et modernes, aucune définition unique du mot anglais “non-dualité” ne peut suffire, et il est peut-être préférable de parler de diverses “non-dualités” ou théories de non-dualité.

David Loy , qui voit la non-dualité entre le sujet et l’objet comme un fil conducteur dans le taoïsme , le bouddhisme mahayana et l’ Advaita Vedanta , distingue « Five Flavors Of Nonduality » : 

  1. La négation de la pensée dualiste par paires d’opposés. Le symbole Yin-Yang du taoïsme symbolise la transcendance de cette façon de penser dualiste.

  2. Le monisme , la non-pluralité du monde. Bien que le monde phénoménal apparaisse comme une pluralité de “choses”, en réalité elles sont “d’une même étoffe”.

  3. Advaita , la non-différence du sujet et de l’objet, ou la non-dualité entre le sujet et l’objet.

  4. Advaya , l’identité des phénomènes et de l’Absolu, la “non-dualité de la dualité et de la non-dualité”, la non-dualité de la vérité relative et ultime telle qu’elle se trouve dans le bouddhisme Madhyamaka et la doctrine des deux vérités .

  5. Le mysticisme , une unité mystique entre Dieu et l’homme. 

L’idée de non-dualisme est généralement opposée au dualisme, le dualisme étant défini comme l’idée que l’univers et la nature de l’existence consistent en deux réalités, telles que Dieu et le monde, ou Dieu et le diable, ou l’ esprit et la matière , et bientôt.

Les idées de non-dualité sont également enseignées dans certaines religions et philosophies occidentales, et elles ont gagné en attrait et en popularité dans la spiritualité occidentale moderne et la pensée New Age . 

Le non-dualisme se réfère donc principalement à un état de conscience mature, dans lequel la dichotomie de l’autre est ” transcendée ” et la conscience est décrite comme ” sans centre ” et ” sans dichotomies “.

Bien que cet état de conscience puisse sembler spontané, il suit généralement une préparation prolongée par une pratique ascétique ou méditative/contemplative, qui peut inclure des injonctions éthiques.

La finalité est d’entrer dans l’Eveil et de faire l’expé­rience directe du Soi, de l’Unité et s’adresse aux personnes qui ont le désir de (re)trouver la lumière et la clarté de sa vraie nature.

La conscience non-duelle comme essence commune

Un principal promoteur moderne de pérennialisme était Aldous Huxley , qui a été influencé par de Vivekanda Neo-Vedanta et Universalisme . Cette approche populaire trouve des appuis dans la « thèse du tronc commun ». Selon la « thèse du tronc commun », des descriptions différentes peuvent masquer des expériences assez similaires sinon identiques :

Selon Elias Amidon, il existe une « réalité indescriptible, mais définitivement reconnaissable, qui est le fondement de tout être ». Selon Renard, celles-ci reposent sur une expérience ou une intuition du « Réel ». Selon Amidon, cette réalité est signifiée par « de nombreux noms » issus de « traditions spirituelles à travers le monde » : 

Conscience non-onduelle, conscience pure, conscience ouverte, conscience de présence, esprit inconditionné, rigpa , expérience primordiale, Ceci, l’état de base, le sublime, la bouddhanature , la nature originelle, la présence spontanée , l’unité de l’être, le fondement de l’être , le Réel, la clarté, la conscience de Dieu, la lumière divine, la claire lumière, l’illumination, la réalisation et l’illumination.

Selon Renard, le non-dualisme comme essence commune préfère le terme « non-dualisme », au lieu de monisme , car cette compréhension est « non conceptuelle », « non saisissable dans une idée ». Même appeler ce “fond de réalité”, “Un”, ou “Unité”, c’est attribuer une caractéristique à ce fondement de réalité. La seule chose que l’on puisse dire, c’est qu’il n’est « pas deux » ou « non duel » : Selon Renard, Alan Watts a été l’un des principaux contributeurs à la vulgarisation du non moniste compréhension du « non-dualisme ». 

Qu’est-ce que cela signifie en termes plus quotidiens ?

C’est dans notre habitude de voir ce que l’on est, les autres et le monde comme des entités séparés, aux formes et aux contours bien délimités. Dans cette vision duelle de la vie, ma conscience individuelle serait séparée et différente de la conscience d’une autre personne, et ma conscience serait contenue dans mon corps et connaîtrait alors toutes les vicissitudes de la destinée du corps et du mental. Autrement parler, « je » suis né à la date de naissance du corps, « je » me transforme avec les changements subis par le corps et le mental, et « je » disparaîtrai avec la mort de ce même corps.

Cette vision duelle de la réalité est à l’origine de toutes les souffrances psychologiques de l’être humain et de bien des problèmes socio-économiques et écologiques à l’échelle planétaire.

Cela se passe à l’échelle d’une personne, mais c’est la base du fonctionnement actuel de notre société. Tout cela ne sont que quelques petits exemples des souffrances engendrées par cette vision duelle de ce que l’on est, des autres et du monde.

Face à ce constat, y a t-il une autre réalité? Est-ce que la dualité est vraie ou n’est juste qu’une croyance qui n’a tout simplement jamais été remise en cause ? Pour répondre à ces questions, il faut une exploration de notre expérience en faisant table rase de toutes nos soi-disant connaissances.

L’enseignement de la non dualité nous guide pour explorer notre expérience actuelle et factuelle, sans concept ni croyance pré-établis de ce qu’est la réalité, afin de reconnaître juste par l’expérience pure la véritable nature de la réalité.

Toute cette accumulation de pensées, d’analyses, de déductions, retourne instantanément au Néant qu’elle n’aurait jamais dû quitter !

Ces concepts existent seulement au sein de l’hallucination.

Il en est de même pour tous ces concepts de « mental ratiocinant/mental pragmatique » ou questions :

« Est-on l’auteur de nos actes ? N’est-on pas l’auteur de nos actes ? », etc. Ces concepts existent à l’intérieur de l’hallucination. Leur résolution n’est pas à travers eux mais en leur totale transcendance. Il suffit d’arrêter d’accélérer et de freiner en même temps.

La défusion cognitive et la méditation

Une des premières pratiques de la défusion cognitive est la méditation.

L’histoire de la méditation remonte à plus de 2500 ans en Orient mais ont trouve des traces de cette pratique (fresques indiennes) datant de 4000 ans.

Le coeur du problème de bouddha était le refus de la souffrance, son enseignement est à la base d’une pratique (la méditation) et d’une philosophie (le bouddhisme) mais la méditation est bien antérieure à bouddha et on la retrouve dans bien d’autres philosophies comme le Taoïsme, l’Hindouisme, le zen… donc ne soyez pas surpris de trouver plus d’une vingtaine de pratiques méditatives comme la Samatha, la méditation Vipassana, la méditation Metta, la méditation par Mantra, la méditation transcendantale, la méditation Pranayama, la méditation Taoïste, la méditation Chakra, la méditation Kundalini et quelques formes de Zazen ou de Qigong…

Globalement, on pourrait résumer toutes ces pratiques à un état de conscience opposé au « pilote automatique », un état de conscience qui résulte du fait de :
– porter son attention,
– intentionnellement,
– au moment présent,
– sans juger,
– sur l’expérience qui se déploie moment après moment. (Kabat-Zinn, 2003)

En Occident, les recherches sur la méditation datent d’un peu plus de 75 ans  car il existait des réticences du fait de son lien avec les traditions religieuses dont elle découle.

Mais loin d’être exclusivement une aspiration spirituelle, la méditation que nous lègue le monde oriental se propage aussi en occident où des neuroscientifiques en ont fait des techniques d’appoint pour prévenir les récidives de dépressions, aider à la concentration et soutenir les individus dans les phases les plus difficiles de leur existence.

Trois axes de recherche et d’application majeurs ont émergé. D’abord le travail du professeur de médecine fondateur de la Stress Reduction Clinic à l’université du Massachusetts Jon Kabat-Zinn (son livre « Apprendre à méditer pour se libérer du stress et des tensions profondes » est traduit en trente langues). Ce scientifique travaille essentiellement sur la « pleine conscience » dans le courants dominants de la médecine et de la psychologie. Lors du Forum il exposait la théorie du Mindfulness-Based Stress Reduction ou MBSR (réduction du stress basée sur la pleine conscience), technique déjà largement utilisée. Des découvertes récentes témoignent de l’action d’un entraînement à la MBSR sur les circuits neuronaux du cerveau et leur régulation.

Le Dr Clifford Saron, neuroscientifique à l’université de Californie s’intéresse lui aux effets comportementaux de la méditation. Avec une trentaine de chercheurs il dirige actuellement le Samatha Project, étude transversale consacrée à l’entraînement intensif à la méditation et ses effets sur l’attention et la régulation émotionnelle. Les premiers travaux font état des modifications des processus de l’attention, de l’émotion et de la physiologie au cours de trois mois d’entraînement intensif de pratiques méditatives. Une intéressante communication portait aussi sur une thérapie cognitive fondée sur la pleine conscience ou MBCT (Mindfulness based cognitive therapy) qui propose une nouvelle approche de prévention de la rechute dépressive. Cette méthode a, du reste, permis d’introduire la méditation « Mindfulness » dans la psychologie occidentale, en évolution exponentielle depuis les années 2000 comme l’expliquait le psychiatre lyonnais exerçant à la Clinique Lyon Lumière, le Dr Frédéric Rosenfeld. Lors de son intervention il expliquait l’effet de solidarisation des neurones lors de la méditation aboutissant à une synchronisation persistante des bienfaits de la méditation même après celle-ci.

Le public s’est également montré très touché par l’intervention du Dr Cathy Blanc, fondatrice de l’association Tonglen* dont le but est d’accompagner les personnes en difficulté ou en fin de vie tout en transmettant des valeurs humaines et spirituelles dans le milieu de soins laïques Son association forme les professionnels de santé.

Sans entrer, faute de compétence, dans les tenants et aboutissants scientifiquement prouvés, une chose apparait certaine aux néophytes venus en nombre : il se dégageait aussi bien des bouddhistes présents que des intervenants habitués à la méditation, un bienveillance et un calme appréciables et fort appréciés au point que la très grande majorité des congressistes a tenu, matin ou après-midi à participer aux séances de 45 mn de méditation guidée, proposées dans les espaces du temple. Les introductions à la notion tibétaine de méditation faites par Sogyal Rinpoché et l’impressionnant maître tibétain féminin Jetsun Kandro Rinpoche écoutés dans un silence quasi-religieux ont probablement contribué à convaincre les plus sceptiques.

La défusion cognitive dans la philosophie d’Uppaluri Gopala Krishnamurti

“Toutes les profondeurs psychologiques intérieures aussi extraordinaires qu’elles puissent être sont sans valeur parce que c’est la pensée qui les a créées et qu’elle en assure la continuité et le statu quo. La pensée n’est pas un instrument qui nous aide à vivre en harmonie avec notre environnement. C’est pour cette raison que vous créez tous ces problèmes écologiques. La planète n’est pas en danger, c’est nous qui sommes en danger.” UGK

Ces quelques phrases résument certains propos de U.G. U.G. Krishnamurti à ne pas confondre avec le célèbre Jiddu Krishnamurti même si les deux ont été considérés dès l’enfance par leur famille et leur entourage comme de futurs instructeurs spirituels, honneur qu’ils ont d’ailleurs tous les deux décliné.

U.G. Krishnamurti vient également à Saanen Gstaad depuis de nombreuses années comme l’autre Krishnamurti.

Je crois que là s’arrête la comparaison qu’on pourrait risquer entre les deux, qui sont nés en Inde du Sud d’une famille brahmane; et pour sortir de la notice biographique, nous dirons que toutes les notions de quête de l’illumination en allant au-delà du mental personnel ne sont selon U.G. que des machinations du mental lui-même pour perpétuer sa propre existence sous une forme déguisée.

Voila! Que dire encore pour présenter cet être pour le moins curieux comme l’a dit quelqu’un qui a écrit une introduction à son dernier livre : « Je crois qu’ou bien vous allez le haïr ou bien vous allez l’aimer ou bien vous allez le prendre uniquement pour un imposteur ou bien vous comprendrez qu’il est un homme vrai, aussi verrez-vous qu’il est en tout cas un pro- vocateur pour les esprits de ce temps. ».

Uppaluri Gopala Krishnamurti n’a laissé aucun écrit, sa pensée s’est transmise au travers d’entretiens enregistrés et de livres écrits par les personnes qui ont participé à des rencontres informelles avec lui ainsi que par les personnes qui l’ont accompagné durant sa vie.
 
Uppaluri Gopala Krishnamurti est un personnage au-delà de toutes les normes. C’est un anti-tout. Il a suivi l’évolution de Jiddu Krishnamurti, l’enfant chéri des théosophes, et a été élevé pour devenir le messie du vingtième siècle, mais qui leur a cassé la baraque en rejetant toute autorité spirituelle.
Il rejette également le matérialisme, ce qui signifie qu’il ne reste pas grand chose.
L’expérience d’Uppaluri Gopala Krishnamurti est instructive pour un chercheur qui s’est cassé la figure sur les peaux de bananes du supermarché spiritualiste.
 
Son idée, c’est de retrouver l’état naturel, ce que nous sommes tout simplement. Il ne s’agit pas de retourner à l’état animal, mais de ne prendre en compte que les besoins naturels. Il faut revenir à l’état naturel, sans la complication du mental.
 
Pour Uppaluri Gopala Krishnamurti le mental est en trop. Cela ne nous empêche pas de savoir ce qu’est un feu rouge, mais la connaissance utile s’arrête là. Je pense que dans le fond, il nie l’évolution humaine en prenant pour exemple l’état lamentable du monde. S’il y a une certaine évolution technologique, on voit bien par ailleurs qu’il se crée des foyers de guerre partout. L’évolution humaine est rudimentaire. Elle n’est faite que de bonnes intentions. U.G. prend l’exemple de l’Inde. Voilà une grande civilisation spirituelle où l’on crève de faim en invoquant le ciel. Il y a quand même un problème.
 
Pour lui, l’idée d’atteindre quelque chose n’existe pas car il a abandonné tous les concepts. Bien qu’il fasse preuve d’une compassion naturelle, on ne trouve chez lui aucune trace de nos bons sentiments. Il n’est pas missionné pour sauver qui que ce soit. Selon lui, celui qui prétend vouloir aider autrui démontre qu’il éprouve encore des besoins. Vouloir faire du bien ne serait qu’un besoin égocentrique. Uppaluri Gopala Krishnamurti va encore plus loin, puisqu’il prétend que tout désir d’accomplir une action provient de l’attachement.
quelqu’un qui s’est débarrassé de toutes les idées que nous traînons péniblement derrière nous. 
 

Dans l’ouvrage -La pensée est votre ennemi- Uppaluri Gopala Krishnamurti nous montre comment la pensée crée la peur, et que c’est de la peur même que jaillit toute expérience ; l’expérience est issue de la pensée, cette « intruse » qui s’est introduite dans les « affaires des sens » pour assurer sa continuité. Il faut échapper aux manipulations du mental pour fonctionner de façon naturelle. Tel est son message.

Quand par exemple, on lui demande :

-D’où vient ce besoin fondamental d’assumer la maîtrise de soi et du monde ?

Uppaluri Gopala Krishnamurti répond : “Sa genèse était dans l’idée religieuse que l’homme est au centre de l’univers. Par exemple, les juifs et les chrétiens croient que tout est créé pour le bien de l’homme. C’est pourquoi l’homme ne fait plus partie de la nature. Il a tout pollué, détruit et tué, tout cela parce qu’il voulait être au centre de l’univers, de toute la création.”

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