Laisser la Vie se vivre en moi

Texte de Louis de Batère

Dès l’instant où nous accueillons, dans l’acception la plus large de ce mot, nécessairement la Vie se vit.

Nous sommes la Vie et non plus notre vie, nous sortons de l’histoire.

L’Accueil est un état de réception, sans condition, de tout ce qui apparaît, de tout ce qui disparaît, avec le même équilibre, nous amenant de manière fulgurante ou en tout cas rapide à constater et à réaliser, que c’est en cette condition-là de notre être que nous nous retrouvons.

Cela ne peut pas être un effort, ni une volonté, ni un désir, c’est quelque chose qui se produit dès l’instant où nous cessons, tout processus, quel qu’il soit, de projection.

Ceci effectivement permet d’installer avec évidence le Saint des Saints, là où rien ne passe, là où rien n’apparaît ni ne disparaît, là où tout est immuable, nous faisant rejoindre alors le moyeu de la roue qui observe tous les mouvements, participe de tous les mouvements, et pourtant n’est pas le mouvement.

C’est, disons, un état particulier de la conscience, qui ne joue plus, mais qui se tient là et observe le jeu, quelle que soit sa puissance.

C’est cette observation du jeu qui laisse disparaître ce qui n’est pas éternel et vient, en quelque sorte, magnifier sa Présence qui confine à l’Absence.

C’est sortir du jeu, non pas par un mouvement, non pas par une fuite ou un déni, mais justement par l’immobilité de l’Accueil.

Cette immobilité de l’Accueil ne concerne pas les mouvements de notre corps ni de notre mental mais avant tout la cessation du jeu, la cessation de l’appropriation ou de la projection, et bien évidemment, en l’Accueil, nous réalisons que nous sommes pas notre vie qui est limitée mais que nous sommes la Vie, ici comme ailleurs, comme partout.

C’est de passer de la périphérie au centre, du mouvement de la conscience à sa fixité, et ce, indépendamment de notre vie.

C’est rejoindre le centre, le moyeu, qui permet tous les mouvements harmonieux autour de ce centre.

Dans un second temps, ce centre lui-même disparaîtra, nous amenant à retrouver que nous ne sommes  plus le moyeu que la roue elle-même, mais que nous sommes antérieur à tout mouvement, à tout temps et à tout espace.

Là s’installe l’Extase, la Félicité, la plénitude, un état de repos, de silence, où rien n’a besoin d’apparaître concernant la personne.

La Vie se déploie, non plus depuis le centre de la personne mais depuis le Saint des Saints.

Retenons bien que jamais il n’est question d’effort à fournir ni de travail.

C’est justement la cessation de tout effort et de tout travail qui laisse apparaître ce qui a toujours été là et qui était masqué à notre point de vue, à notre vue et à notre conscience ordinaire, par le mouvement de la vie.

Remplaçant le mouvement de notre vie par le mouvement de la Vie, nous constatons alors son impeccabilité, son immuabilité, sa persistance, et surtout, au sein de notre éphémère que nous avons à vivre, l’élément qui domine est la Paix, la Joie et le Silence.

Quoi qu’il se déroule sur l’écran de notre vie ordinaire, elle est sublimée par la Vie et donc par l’Amour, car toute vie est Amour. Aucune vie, même ici sur cette terre, n’est possible sans amour.

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