Texte de Thibault
Le Destin, à la différence du déterminisme, pose que le cours des choses est gouverné par une puissance mystérieuse. De ce fait, la liberté absolue de l’Homme est niée: le libre-arbitre n’est qu’un fantasme. Aucune partie de la Création n’échappe à cette force toute-puissante. Ainsi Bossuet affirme dans son Discours sur l’Histoire universelle que toutes les entreprises humaines ne sont que des moyens mis en oeuvre inconsciemment par les hommes à des fins divines.
Une histoire persane illustre cruellement la force du Destin.
Un jour, au marché de la ville de Boukhara, le vizir se promène en regardant les étalages des commerçants. Soudain, au milieu de la foule, il voit la Mort qui le regarde fixement et qui esquisse un geste d’étonnement… Paniqué, convaincu que la Mort veut l’emporter, le vizir fuit le marché et, sans même passer avertir sa famille et ses amis, prend son cheval et part au galop. Tout au long de la nuit, il chevauche, pensant ainsi s’éloigner de la Mort. Il rentre dans Samarkand le lendemain matin.
A la fin de l’après-midi, à Boukhara, au palais du sultan, tout le monde discutait du départ soudain du vizir. Le sultan, intrigué, s’informe et finit par apprendre qu’au marché, la Mort était présente et que c’est après l’avoir vue que le vizir quitta la ville à cheval. Le sultan fait donc venir la Mort dans son palais pour l’interroger: « Est-ce vrai que tu as fait peur à mon ministre ? » demande le sultan. « Non, je n’ai pas souhaité lui faire peur, mais j’ai été très étonnée de le voir au marché de Boukhara, car demain matin, nous avons rendez-vous à Samarkand ! »